Depuis sa création en 1919, l’Organisation internationale du Travail (OIT) œuvre pour l’élimination du travail des enfants et a, pour ce faire, élaboré divers instruments internationaux dont les Conventions n° 138 sur l’âge minimum d’admission à l’emploi et au travail et n° 182 sur les pires formes de travail des enfants.

Il en est de même des différentes stratégies expérimentées à travers le monde telles que le renforcement du cadre juridique, l’amélioration de l’offre éducative, la lutte contre la vulnérabilité des familles dans le cadre du Programme d’élimination du Travail des Enfants (IPEC) lancé depuis 1992.

Selon les dernières estimations de l’OIT sur le travail des enfants, l’on dénombre dans 160 millions d’enfants – 63 millions de filles et 97 millions de garçons – qui étaient astreints au travail des enfants au début de l’année 2020, soit près d’un enfant sur 10 à l’échelle mondiale. De plus, 79 millions d’enfants – près de la moitié de tous ceux qui étaient astreints au travail des enfants – effectuaient des travaux dangereux mettant directement en péril leur santé, leur sécurité et leur développement moral. Dans ce lot, l’Afrique subsaharienne se taille la part du lion. 

Au Sénégal, on dénombrait 1.378.515 enfants économiquement actifs dont 450.000 sont soumis aux travaux dangereux aux termes de l’Enquête Nationale sur le Travail des Enfants (ENTES) de 2005. Pour les familles, les communautés et l’Etat, ce nombre important d’enfants actifs implique une prise en charge difficile des problèmes d’éducation, de formation, de protection et de sécurité des jeunes qui évoluent dans un contexte de pauvreté accru.

Face à cette situation, l’Etat du Sénégal s’est employé à mettre en place une réponse nationale visant à terme à sensibiliser, à prévenir et à éradiquer toutes formes d’exploitation des enfants.

C’est dans ce cadre que s’inscrit notamment, la création de la Cellule de Coordination de la Lutte contre le travail des enfants en 2004, et l’adoption politique du Plan Cadre National de Prévention et d’Elimination du travail des enfants qui a fait l’objet d’une actualisation suivie d’une validation technique en janvier 2024.

Toutefois, malgré les importantes mesures prises ces dernières années en termes de prévention, de programmes d’action ciblés sous la houlette de l’Etat ainsi que les organisations d’employeurs et de travailleurs engagées dans cette lutte, le phénomène persiste encore. En effet, du fait des déterminants du travail des enfants qui sont d’ordre structurel et surtout socioculturel, il est essentiel de renforcer les actions de sensibilisation et d’information en direction de la communauté dans le sens de promouvoir les droits et le bien-être des enfants.

Pour ce faire, la journée mondiale de lutte contre le travail des enfants célébrée chaque 12 juin offre une tribune à la communauté des acteurs nationaux pour faire le point sur les acquis de cette lutte et s’accorder sur les défis à venir.

Le thème de cette édition 2024 : « respectons nos engagements : mettons fin au travail des enfants ! » qui fait suite à l’appel de Durban est une invite de tous les acteurs à œuvrer pour une élimination définitive du travail des enfants surtout en ses pires formes.  

Aujourd’hui, la forte croissance du secteur de l’économie informelle dans la région Nord du pays n’est pas à démontrer. Ledit secteur s’illustre par le recours à une large proportion d’enfants grâce à l’auto-emploi, à la faiblesse voire l’inexistence d’organisations d’employeurs et de son exclusion du champ d’intervention des services de l’inspection du travail.

Par conséquent, ces enfants déscolarisés, astreints aux travaux dangereux sont souvent victimes d’accidents et d’abus de toutes sortes sans compter le fait que nombre d’entre eux sont en situation de mobilité. De telles considérations justifient le choix porté sur la région de Louga pour célébrer les festivités marquant l’édition 2024 de la journée mondiale contre le travail des enfants aux vues de la large proportion d’enfants actifs dans le secteur précité.

Voire l’album de la journée.